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Santé, Pollution, Fiscalité, voilà le trident utilisé pour annoncer une très certaine hausse de la fiscalité sur le gazole et son rattrapage avec celle des supercarburants.
On aurait pu ajouter « logique industrielle » mais on se serait trouvé coincé dans nos contradictions nationales car cela reviendrait à renvoyer dos à dos les constructeurs automobiles français, qui ont pesé depuis des décennies pour la diésélisation du parc automobile national, et le secteur du raffinage, historiquement conçu pour raffiner des bruts légers plus performants dans la production d’essences, et qui pourrait trouver un certain intérêt à un rééquilibrage entre les deux types de carburants routiers.
Les faits & Chiffres
Pays |
Différentiel de taxes en € par litre hors impact de la TVA (10/2012) |
Allemagne |
0,1840 |
Belgique |
0,1858 |
Italie |
0,1110 |
Espagne |
0,0952 |
Luxembourg |
0,1271 |
UK |
0,0000 |
Les effets d’un rééquilibrage de la fiscalité sont pour le moins hypothétiques.
La durée de renouvellement du parc de VP est en France supérieure à sept ans. Les véhicules diesels récents bénéficient de motorisations et de systèmes de filtration efficaces. Ce sont donc les voitures plus anciennes qui devraient être prioritairement ciblées, ce qui n’est peut- être pas socialement une bonne nouvelle. C’est aussi potentiellement un risque de perte de part de marché pour les constructeurs français dont les petits moteurs diesels sont encore compétitifs.
Sauf mesures d’accompagnement attractives et donc coûteuses, le report vers des véhicules essence sera donc relativement lent.
Les camions sont tributaires des motorisations diesels. Ils n’ont donc pas le choix. Il est inimaginable, compte-tenu de la fragilité des entreprises de transports et de leurs manque de trésorerie, de leur faire supporter, même en s’appuyant sur un renforcement légal du dispositif de pied de facture, une charge supplémentaire.
L’idée de renchérir les coûts du transport routier au profit des autres modes (rail, fluvial) peut s’entendre, toutefois plusieurs études en Europe font état d’un maintien des parts de marché du mode routier supérieures à 70% à l’horizon 2030. Dès lors, toute mesure allant vers un renchérissement des coûts pour les transporteurs français, reviendrait à fragiliser un peu plus le pavillon français.
En conclusion, les 6,9 Milliards d’Euros de revenus supplémentaires mis en avant par la cour des comptes ne prennent pas en compte le coût des mesures d’accompagnement qui devraient inévitablement être prises afin d’accélérer le processus de transition, ni les spécificités du parc français de véhicules diesel qui devrait faire l’objet de mesures spécifiques.
Dès lors le jeu en vaut-il la chandelle ? D’autres pistes ne seraient-elles pas plus efficaces comme par exemple la lutte contre la congestion des axes routiers et des centres urbains ? La santé, l’air et l’économie auraient à y gagner.
Alors est-ce vraiment une bonne idée ? Pas sûr !
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